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1954-1962, l’Algérie en flammes: La clef du succès de la révolution Algérienne (Première partie)

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Message  setamir Ven 4 Juil - 23:08

La clef du succès de la révolution Algérienne


Par Mahfoud Bennoune (El Watan)

Le déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er Novembre 1954, fut l’aboutissement d’une série de contradictions engendrées par la situation coloniale.


Première partie

Le blocage politique, causé par la nature du statut octroyé par l’Assemblée nationale française en 1947, particulièrement par l’opposition systématique du colonat à toute réforme visant à modifier l’ordre colonial en faveur des Algériens, a provoqué une crise profonde, non seulement parmi les courants réformistes, mais aussi au sein du mouvement le plus représentatif des classes populaires algériennes, le PPA-MTLD. Ce déclenchement intervint pour résoudre d’abord les contradictions fondamentales générées par la conquête militaire du pays et la négation de son droit à l’indépendance nationale par le pouvoir colonial, la dépossession concomitante de ses citoyens, leur domination et oppression en tant que colonisés sans droits civiques et, ensuite, pour dépasser les contradictions secondaires inhérentes à une société segmentaire, transformée par un processus de structuration socio-économique entraîné par la colonisation et la pénétration du capitalisme en une société stratifiée, qui a été dominée et divisée en classes sociales ayant non seulement des visions et des stratégies politiques différentes, mais aussi antagonistes. Les courants réformistes - qui ne se sont jamais lassés de faire appel, en vain d’ailleurs, aux principes de 1789 et au libéralisme de la république bourgeoise colonisatrice - ont perdu toute crédibilité et toute emprise sur les couches populaires. Leur voie électoraliste, légaliste et gradualiste les a poussés dans un cul-de-sac politique. Cependant, en dépit de l’intransigeance de l’Etat colonial et du torpillage systématique de toutes les tentatives de réformettes mort-nées octroyées par les gouvernements français successifs, les réformistes algériens, représentés surtout par les élus, les Oulamas et l’UDMA n’ont jamais voulu tirer les conclusions qui s’imposaient. Ils ont contribué à quémander aux gouvernements et au peuple français des réformes en vue d’assurer leur ascension sociale et aussi améliorer les conditions d’une partie au moins des populations algériennes dans un cadre français. Malheureusement, la crise politique grave de la colonie a affecté aussi le PPA-MTLD lui-même. L’embourgeoisement progressif de sa direction politique l’a induit à concentrer ses efforts sur les élections truquées d’avance par les autorités coloniales, l’agitation politique de plus en plus coûteuse et meurtrière, mais sans conséquences significatives. Le renvoi à une période indéfinie de l’action directe jusqu’à ce que « les conditions préalables à la lutte armée soient réunies » a fini par lasser la base populaire et par pousser les cadres les plus dynamiques du parti à une révolte ouverte contre sa direction politique, représentée par les membres influents du bureau politique et du comité central. Pour le courant modéré intellectualisant, la préparation technique, organique et politique de la lutte armée devait être réalisée simultanément et en conjonction avec les conditions extérieures : envoi des armes et soutien diplomatique de quelques pays arabes au moins. Cette vue n’était qu’un prétexte pour faire apparaître aux cadres activistes de l’ex-OS que le moment n’était pas encore opportun pour déclencher la guerre de Libération tant attendue par les militants de base. Cela revenait en fait à infléchir psychologiquement le PPA-MTLD vers une orientation réformiste inavouée mais réelle. Le leader du parti, qui était en résidence surveillée en France, a été contraint de dénoncer le réformisme de la direction. Quand cette dernière a remis en cause ses prérogatives, il n’a pas hésité à exiger les pleins pouvoirs pour purger le parti des éléments réformistes avant de le lancer dans l’agitation politique qui était déjà dépassée par la conjoncture de l’époque. Pour la minorité des responsables comme Ben Boulaïd, membre du comité central, et les cadres formés par l’OS, partisans de l’action directe immédiate, les critiques formulées par Messali contre la direction politique étaient légitimes et bien fondées. Cependant, le fait de faire appel directement à la base militante pour la dresser contre les membres du comité central a été considéré par eux non seulement comme un coup d’Etat illégal, mais aussi comme une pratique dangereuse qui ne peut aboutir qu’à la division du parti dans un moment décisif. Pour éviter la scission au sein de ce mouvement populaire, les leaders du groupe activiste, anciens membres de l’OS, ont mis en place, avec trois représentants du comité central, le Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA) dont le but principal était de faire appel à la base pour rester neutre dans le conflit opposant Messali à la direction politique. Le maintien de l’unité était considéré comme vital pour un affrontement direct avec les forces de répression de l’Etat colonial. Mais l’intransigeance de Messali, encouragée par les faiblesses et les tergiversations des hommes influents du comité central, a provoqué des luttes intestines débilitantes au sein du parti. Ces luttes ont abouti à la division du PPA-MTLD en trois tendances antagonistes : les messalistes, les centralistes et les activités de l’OS. Cet état de choses a eu pour effets immédiats la satisfaction des milieux colonialistes, le soulagement des réformistes, représentés par les élus, l’UDMA, les Oulamas et la PCA, qui ont vu les militants du MTLD durant l’été 1954, et le désarroi de la base militante qui était convaincue, depuis longtemps, que le colonialisme français en Algérie ne cédera qu’à la force. Ayant échoué dans la préservation du seul mouvement révolutionnaire du pays, conscients que la scission avait compromis les chances du passage à l’action directe par le parti en tant que parti uni et convaincus de la faillite de la direction politique, les activistes, sous l’impulsion décisive de Boudiaf, ont décidé de déclencher la guerre de Libération nationale. Tirant profit de cette situation chaotique et confuse, Boudiaf, le futur responsable du comité des six qui ai organisé le déclenchement du 1er Novembre 1954, a pris contact avec les anciens membres de l’OS qui vivaient dans la clandestinité à travers le territoire national, et même en France aussi bien qu’au Caire. Ces contacts préliminaires lui ont permis de préparer la réunion des « 22 » durant le mois de juin à Alger. Ces vingt-deux participants qui étaient d’anciens membres de l’OS ont accepté le principe du déclenchement immédiat de la guerre de libération et élu Boudiaf, au vote secret, comme responsable du comité exécutif dont la tâche était de préparer la lutte armée et d’arrêter le jour J. En dépit de la défection des représentants de Constantine, qui se sont laissés convaincre parles arguments défaitistes du comité central insistant sur les conditions préalables au déclenchement, le comité des six a accompli sa mission dans des conditions très difficiles, caractérisées par une crise générale au sein du MTLD, qui a miné l’appareil et la hiérarchie du parti, ce qui a libéré les cadres et les militants des contraints organiques et politiques. Pour la première fois depuis sa création en 1962, les membres de ce mouvement révolutionnaire se trouvèrent libres de discuter, de critiquer, de choisir et, surtout, de décider du destin du pays. Harbi a commis une erreur monumentale d’appréciation en qualifiant le déclenchement du 1er Novembre « de putsh contre la direction du MTLD » (1). Cette option a été discutée au sein du parti pendant plus de trois mois. Car, devant la popularité du messalisme parmi les militants de base, les partisans de l’action armée ont été contraints de la soulever en tant que seule alternative pour débloquer l’impasse politique et résoudre la crise du Mouvement nationaliste révolutionnaire. Seulement, la date exacte du déclenchement a été gardée secrète.
Les préparatifs du déclenchement
Les préparatifs pour la lutte armée étaient multiformes. Sur le plan politique, devant le refus de plusieurs personnalités en vue du parti, telles que Lamine Debaghine et Abdelhamid Mehri, d’accepter de prendre la direction de l’insurrection, le Comité des six a opté pour la direction collégiale et fermé définitivement l’accès à la direction politique à des non-participants aux préparatifs du déclenchement du 1er Novembre. Pressés par le temps et les évènements, les fondateurs du FLN et de l’ALN ont décidé de déclencher d’abord avec les moyens de bord et d’organiser ensuite. En effet, selon l’un des participants à la réunion des « 22 » « la seule issue possible qui s’offrait au peuple algérien était de précipiter le déclenchement armé de la révolution sans attendre une étude minutieuse et précise à suivre, sans attendre l’élaboration complète d’un programme d’action et d’une coordination à tous les échelons ». (2) Cette décision visait à boucler le bec de ceux qui voulaient d’abord créer les conditions préalables de réussite avant de passer à l’action directe. Sur le plan organisationnel, le Comité des six divisa le pays en six zones politico-militaires. Chaque zone a été subdivisée en plusieurs régions et chaque région en nombres variables de secteurs. La zone I, comprenant les Aurès-Nememcha, fut confiée à Ben Boulaïd, la zone II, le Nord constantinois à Didouche, la zone III, les deux Kabylies à Krim, la zone IV, l’Algérois à Bitat, zone V, l’Oranie, Ben M’hidi et le Sahara devait être érigé en zone VI qui serait commandée par un ancien adjudant de l’armée française nommé Slimane, fils du cadi de Colomb-Béchar. Il était en fait un agent des services secrets de l’Etat colonial. Il aura à son actif l’arrestation, en mars 1955, de l’un des membres du Comité des six et chef désigné de la zone IV, Bitat. Chaque zone jouissait de toute la liberté jusqu’à nouvel ordre. Les responsables des préparatifs ont crée le FLN et l’ALN. Le premier représente la nouvelle organisation politique de la lutte, et la seconde constitue son instrument militaire. Dès sa genèse, le FLN, conçu dans l’esprit de ses fondateurs comme faisant partie intégrante et inséparable de l’ALN - qui est l’outil de réalisation de ses objectif -, fut considéré comme l’incarnation de la nation en guerre et, par conséquent, le seul représentant de la volonté nationale. Enfin, pour s’assurer un appui extérieur, des contacts ont été rétablis avec Ben Bella, Aït Ahmed et Khider - tous trois recherchés par la police coloniale en raison de leurs activités dans le cadre de l’OS - qui s’étaient réfugiés au Caire. Mais, malgré l’association de ces représentants du MTLD à l’extérieur aux préparatifs du déclenchement de la lutte armée, la primauté de l’intérieur sur l’extérieur a été affirmée dès le début du FLN. Ce « principe était juste dans son esprit dans la mesure où il signifiait que rien ne pouvait être fait sans l’accord de ceux qui se battaient sur le terrain. » (3) Les responsables du déclenchement de la guerre de Libération ont tiré des leçons utiles de l’échec des AML, de l’impasse électoraliste, du refus persistant des formations politiques réformistes qui sont rejeté toute idée d’une action unitaire sur la base d’un programme politique. Pour ces pères fondateurs, il n’y avait pas d’autres choix possibles : le salut national exigeait plus qu’une alliance sacrée des temps de guerre pour libérer la patrie occupée. Les conditions objectives et subjectives prévalant à l’époque en Algérie militaient en faveur de la formation d’un front de libération nationale transclassiciste et d’une armée unique ayant pour but de réaliser les objectifs politiques définis par le PPA-MTLD. Pour compléter tous les préparatifs, les responsables du déclenchement ont rédigé une proclamation qui sera diffusée en Algérie et au Caire, précisant, entre autres choses, les raisons du passage à l’action directe, les objectifs, le programme politique du FLN ainsi que les conditions d’un cessez-le-feu. Comme le contenu et le ton de ce texte sont très révélateurs de l’état d’esprit, de l’orientation idéologique et du style politique des fondateurs du FLN, il est pertinent de reproduire ici les passages essentiels de cette proclamation historique.
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